ÉLYSÉE 2007 • Le destin de la France, une "Comédie humaine"

Publié le par FRIADIASPO


A la demande du ministère français au Commerce extérieur, un groupe d'experts a planché sur l'avenir de la France. Des Illusions perdues à L'Elixir de longue vie, ils se sont inspirés de titres de romans de Balzac pour échafauder plusieurs scénarios.
Un récent rapport commandé par le gouvernement français a exploré quatre scénarios possibles pour l'avenir du pays dans un monde globalisé. Comme nous sommes en France, chaque scénario reprend le titre d'une œuvre de la Comédie humaine de Balzac. Et, à l'instar des romans de Balzac, ils ne sont "ni complètement vrais, ni complètement faux", indiquent les économistes français et étrangers et les hommes d'affaires qui ont rédigé ce rapport commandé par la ministre du Commerce, Christine Lagarde.

Les Illusions perdues
C'est le scénario le moins probable pour les auteurs du rapport, mais il est défendu par les partis extrêmes de gauche et de droite. Dans ce cas de figure, la France tourne le dos à la mondialisation et s'enferme dans une tour d'ivoire.
Pour protéger ses producteurs nationaux, le gouvernement impose des taxes rédhibitoires sur les importations, entraînant une limitation de la concurrence et une hausse des prix. Ce rejet du principe de la liberté de circulation des biens, des personnes et des capitaux l'amène à sortir de l'Union européenne et à abandonner l'euro.
Le retour au franc mène à une inflation chronique et à un effondrement du niveau de vie. Les ménages consacrent une part croissante de leur budget à la nourriture et à l'habillement. Les secteurs des loisirs et du luxe dépérissent.
La débâcle économique pousse les entreprises à délocaliser leur production. Les fleurons de l'industrie française quittent le pays. Les tensions sociales s'exacerbent et des grèves et des émeutes éclatent dans le pays. La France perd son statut de puissance mondiale et voit son influence reculer.

Splendeurs et misères des courtisanes
La France opte pour une version apparemment plus subtile du protectionnisme : la TVA est augmentée pour une certaine catégorie de biens, les repreneurs étrangers sont écartés de certaines acquisitions, les industries protégées sont subventionnées et les créations d'emplois sont favorisées dans les secteurs qui ne peuvent pas délocaliser. A court terme, la France se flatte de pouvoir relancer son économie toute seule sans se fermer totalement au reste du monde.
Mais, au fil du temps, l'industrie perd sa compétitivité, les investissements diminuent, le solde de la balance commerciale se dégrade lourdement et les prix des biens et services augmentent. Seul le secteur du tourisme continue de prospérer mais la France se transforme en terrain de camping géant. L'absence de réforme du marché de l'emploi creuse l'écart entre les prévilégiés et les précaires. Les jeunes et les plus de 50 ans sont particulièrement vulnérables. Les finances publiques s'assèchent, réduisant ainsi les capacités de l'Etat à promouvoir la cohésion sociale. De plus en plus préoccupée par ses problèmes économiques, la France perd de son influence en Europe et dans le monde.

La Peau de chagrin
Refusant de faire des choix difficiles, la France poursuit son chemin, cahin-caha, fidèle à l'adage selon lequel "les politiques poursuivant des objectifs obscurs ne peuvent jamais complètement échouer". La faiblesse des investissements dans l'enseignement supérieur et la recherche aboutissent à une délocalisation des activités de haute technologie. L'industrie française se replie sur des secteurs – le luxe, l'alimentation et le nucléaire – qui restent hors de portée de la concurrence asiatique.
L'économie est de moins en moins compétitive et le solde de la balance commerciale se dégrade fortement. Le chômage de longue durée se maintient. La société est sclérosée et les services publics se modernisent au ralenti. L'anxiété gagne les Français qui se sentent plus victimes qu'acteurs de la mondialisation. La France voit certains de ses partenaires, comme l'Irlande, les pays nordiques et le Royaume-Uni, prendre de l'avance tout en se faisant rattraper – et finalement distancer – par d'autres.

L'Elixir de longue vie
La France fait des choix difficiles mais nécessaires à sa renaissance. Le gouvernement introduit davantage de flexibilité sur le marché de l'emploi, reprend en main les finances publiques – se dégageant ainsi une plus grande marge de manœuvre – et investit largement dans l'éducation, la formation et la recherche.
Après consultation des partenaires sociaux, la France met au point une stratégie cohérente pour tirer profit de la mondialisation. L'industrie française se concentre sur ses points forts : la mode, l'automobile, l'informatique, l'aérospatiale et les industries chimique et pharmaceutique. Le label « Made in France » devient synonyme de qualité et de luxe.
La France attire de plus en plus d'investissements étrangers et augmente ses exportations en direction des pays en développement. L'Etat soutient les petites et moyennes entreprises qui créent de nombreux emplois. Des services publics plus efficaces et mieux gérés permettent au gouvernement d'allouer des fonds pour mieux réparer les injustices sociales.
La France modernise son secteur agricole et se concentre sur les productions à valeur ajoutée, contribuant ainsi à faciliter la réforme de la politique agricole commune (PAC) et les négociations commerciales multilatérales. Grâce à sa prospérité retrouvée, la France, plus sûre d'elle-même, retrouve son rôle de moteur de l'Europe et participe à l'amélioration des normes environnementales et au développement international.

Publié dans Politiques & Sociétes

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