France/N'enterrez pas Sarkozy

Publié le par FRIADIASPO

4416249029_b171897a50.jpgAprès la débâcle électorale de l’UMP, les critiques pleuvent sur le président. Pourtant, à l’instar de bon nombre de ses collègues européens, celui-ci est impuissant face à des maux qui le dépassent.

Nicolas Sarkozy fait sans doute partie de ces hommes politiques plus doués pour conquérir le pouvoir que pour le conserver. L’écrasante défaite des forces de centre droit au second tour des régionales, le 21 mars, marque en partie le rejet par les électeurs d’un président dont bon nombre ont jugé l’ascension aussi irrésistible qu’indésirable. Mais les dirigeants européens devraient toutefois garder à l’esprit que le président français n’est pas l’unique responsable de ses problèmes.

Sarkozy est entré à l’Elysée en 2007 avec un mandat clair : former un gouvernement fort, après l’immobilisme et les scandales qui avaient marqué la fin de règne de Jacques Chirac. Son exaltation – véritable atout pendant la campagne – passe moins bien maintenant qu’il est à la tête de l’Etat. Sur l’Europe, sur la Russie, sur l’intégration des musulmans et la place de la religion dans la société, sur la crise financière et les difficultés économiques qui se sont ensuivies, Nicolas Sarkozy a défendu tout et son contraire, révélant ainsi un manque de cohérence. Voulant toujours donner l’impression de pouvoir régler tous les problèmes de tout le monde, Nicolas Sarkozy s’est brouillé avec ceux qui étaient le plus proches de lui. Sa rupture avec Rachida Dati, son ancienne garde des Sceaux, a été source de sensation autant que de distraction. Sa rivalité avec l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin fut un triste spectacle, et il a laissé son fils s’embarquer dans une vilaine polémique aux relents de népotisme. “Le problème du président est simple : il n’a pas tenu parole”, écrit le Britannique Denis McShane, ancien ministre aux Affaires européennes de Tony Blair, dans le magazine Newsweek du 19 mars. “Il est perpétuellement en campagne, lançant les idées à la chaîne et cherchant toujours à faire la une des journaux. Les Français veulent un président qui sache se tenir au-dessus de la mêlée. De Gaulle a fait de la France une puissance moderne, Mitterrand en a fait un acteur incontournable de la scène européenne. Sarkozy, lui, dans un pays qui rêve d’avoir à sa tête un homme d’Etat, n’est qu’un simple politicien.”

Mais ce qu’oublient Denis McShane et d’autres critiques de gauche, c’est que les principales difficultés – présentes et à venir – que connaissent Sarkozy et ses collègues européens ne sont de nature ni idéologique ni personnelle. Qu’ils soient issus de la gauche, de la droite ou du centre, les responsables européens sont tous confrontés aux mêmes défis fondamentaux. Le plus évident est la fragilité de la reprise économique européenne et le niveau alarmant de la dette publique. La méfiance chronique des Européens envers leurs ­systèmes de représentation et leurs ­dirigeants politiques – nationaux et supranationaux – est également problématique. Le 21 mars, 48,8 % des électeurs français ne sont pas allés voter ; même pour des élections locales, un tel taux d’abstention est inquiétant. Ce rejet généralisé, également manifeste ailleurs en Europe, nuit profondément au bon fonctionnement de la démocratie. L’insatisfaction et l’aliénation des électeurs, ressenties sur tout le continent, apparaissent clairement dans l’essor des partis d’extrême droite, qui prospèrent toujours en période de difficultés économiques. Le 21 mars, le Front national de Jean-Marie Le Pen a ­rassemblé près de 10 % des voix au niveau national. Et, au Royaume-Uni, le Parti national britannique se prépare également à marquer des points lors des législatives de mai.

Ainsi que le suggérait récemment le gouvernement travailliste britannique, l’absence de politique efficace face à l’augmentation de l’immigration est peut-être un facteur clé pour expliquer pourquoi tant d’électeurs se sentent impuissants, en colère et délaissés. Dans toute l’Europe, les populations vieillissantes craignent pour leur sécurité et s’inquiètent de la diminution de leurs pensions. Quant aux jeunes, ils souffrent du chômage, de problèmes de logement et de santé, du manque de formation et de la baisse des revenus. Ces problèmes ne concernent pas seulement la France et Sarkozy. Pas plus que l’Union européenne après le traité de Lisbonne n’est du ressort exclusif de la France et de Sarkozy. Les critiques affirment que l’UE devrait s’impliquer davantage pour régler les principales difficultés des citoyens européens, ce qui l’aiderait à redorer son blason. Au lieu de cela, l’Allemagne, première puissance européenne, discute âprement la question de savoir s’il faut sauver l’économie grecque. La situation en est arrivée au point que le tabloïd allemand Bild titrait récemment : “Vous n’avez qu’à vendre vos îles, Grecs en faillite ! Et l’Acropole avec !” Dans un climat aussi délétère, les élections françaises retentissent comme un nouveau signal d’alarme pour nous rappeler que, même au sein de l’Europe unie, la démocratie ne va pas de soi.

Source: The Guarduan.

Publié dans Elections

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