Rapport 2011 de Reporters sans frontières: Réaction de la Présidente du Conseil National de la Communication

Publié le par FRIADIASPO

 rsf.pngAprès avoir lu le rapport 2011 de Reporters sans frontières et suivi l'interview d'Ambroise PIERRE du Bureau Afrique de RSF sur une radio libre, la Présidente du Conseil National de la Communication, Mme Martine Ilboudo  Condé, est sortie de sa réserve.


Dès après l'interview de Pierre Ambroise, elle a accordé, à son tour un entretien à la même radio pour exprimer son point de vue sur ce rapport et la façon de travailler de Reporters sans frontières.

Interview :

- D'abord du recul de la Guinée, selon RSF, de 30 points en matière de liberté de la presse


- Mme Martine I. Condé : Merci de me permettre de dire la vérité sur certaines choses. Parce qu'en tant que Présidente du CNC, je me suis donné un droit de réserve sur certaines choses qui se sont passées en 2011. M. Pierre Ambroise est venu en mission ici. A son départ, je crois que son rapport était assez positif. Ce qu'il a eu à déplorer, c'était que les textes n'étaient pas publiés, etc. Et ça, vous savez bien, c'est en novembre 2011 là, que la constitutionnalité des textes a été effective parce que c'est passé à la Cour suprême. Mais avant ça, vous vous rappelez que nous avons eu des colloques, des formations où nous revenions chaque fois sur ce problème. En fin de compte, nous avons eu gain de cause.


Mais quand M. Ambroise se plaint et nous classe au 86ème rang, nous trouvons que ça c'est injuste. Parce que dans son interview tout à l'heure, il est revenu le fait que j'ai traité certains de ses correspondants de petits mafieux ou la petite mafia de la presse guinéenne. Je crois que ça c'est resté dans sa gorge comme un boulet. Mais, je dis la vérité !


Parce que, je vais vous dire, quand nous avons pris la décision [n°005/SP/CNC/07/2011 en date du 25 juillet 2011 relative à la suspension temporaire de toute émission ou de tout article relatif à l'attentat contre la vie du Chef de l'Etat, ndlr], c'était en accord avec des responsables d'associations. Nous voulions participer au dialogue. J'ai répété ça plusieurs fois. Guineenews.org en a publié. Mais dernièrement, nous avons invité, je ne sais pas c'était à quelle occasion, le représentant de RSF ici. Et c'est au cours de l'entretien que lui-même, il a avoué que c'est lui qui avait fait la campagne internationale contre notre décision. Et pourtant, il connaissait la vérité.


Ensuite, un autre président d'association m'a dit qu'effectivement, les responsables d'associations avaient accepté que l'on suspende les émissions ou en tout cas, tout ce qui concerne l'attaque du domicile du Président [de la République]. Que mais, eux, ils ont désisté après. Ils sont revenus sur leur décision parce qu'ils ont senti que le dialogue qui avait lieu, organisé par la Société civile, que c'est sûr que la Société civile avait reçu de l'argent et eux, ils n'étaient pas sûr de profiter.


- Voulez-vous parler de Boubacar Yacine Diallo [président de l'URTELGUI, ndlr] ?


- Voilà, voilà. C'étaient tous les médias. Donc, Pierre Ambroise, je crois qu'il n'enquête pas bien sur la Guinée. Il ne se renseigne pas. Et puis, je crois qu'il n'a pas l'expérience nécessaire encore parce qu'il est assez ... [elle est interrompue par une tentative de poser une nouvelle question]


- A vous entendre Madame, la Présidente, ...


- Non, non, non. Quand je commence une phrase, laissez-moi terminer. Je suis en train de dire que Pierre Ambroise doit comprendre qu'on doit adapter au contexte, toute chose, les messages, surtout les médias.


- Soyez plus claire


- Il doit chaque fois se référer, en tout cas, au contexte ; pourquoi on l'a fait. Nous, nous sommes là d'abord pour défendre les populations. Notre population se plaignait. La décision a été prise.


Et puis quand il dit que la France a tapé sur la table pour que nous arrêtions ou que l'on revienne sur notre décision, c'est faux. La décision était temporaire. On a dit de suspendre temporairement et en général, dans les textes de loi, ce sont trois (3) jours.


Ce sont trois jours, et nous sommes arrivés au troisième jour. Ce n'est pas parce que le Président [Alpha Condé, ndlr] était en Amérique, nous avons respecté les textes et je crois que ça calmé tout le monde, parce que dans les quartiers, il y avait déjà, assez de troubles. Les gens qui disaient que c'était un coup monté par le Président lui-même et les gens qui n'étaient pas d'accord. Nous recevions plusieurs plaintes. Nous sommes là aussi pour défendre les populations.


- En disant que Pierre Ambroise doit adapter ses analyses au contexte, pouvez-vous être plus explicite ?


- Quand je dis ça, c'est-à-dire qu'il ne faut pas s'asseoir en Europe là-bas ou dans son bureau pour envoyer des questionnaires à des gens qui ne font pas, peut-être, le travail comme il le faut. Ils remplissent les questionnaires, ils les renvoient sans tenir compte réellement de la situation du pays. C'est pour ça que je le dis. Nous, nous ne savions même pas qu'il y avait eu un questionnaire.


Et leur représentant ici, je le dis, il n'est pas objectif. C'est Souleymane [Diallo, ndlr] du Lynx. Normalement, il doit quand même tenir compte de beaucoup de choses. Il est au courant de la situation. Il sait que nous sommes en train de faire un effort pour que tout rentre dans l'ordre. Il sait que nous avons fait un colloque. Actuellement, quel journaliste a eu la visite d'un policier ou d'un gendarme et tous ces gens-là, viennent au CNC pour se plaindre. Pour nous dire "il y a ceci, il y a cela". Avant, ils allaient directement dans les rédactions. Je crois qu'il faut reconnaitre l'effort des uns et des autres.


Ce sont nos propres compatriotes qui mettent l'huile sur le feu. Et là, je ne suis pas d'accord.


- On sait bien que la Guinée n'est pas en marge de la planète terre, ce qui veut dire que s'il y a des lois, ça doit être pareil [elle interrompt le journaliste]


- Non, non, non. Je ne dis pas la situation de la Guinée. Nous sommes en communication. En communication, on doit toujours s'adapter au contexte, au milieu dans lequel on fait la communication. D'accord ? Ce n'est pas la Guinée. Ce n'est pas la Guinée seulement.


- L'un des reproches de RSF est la non application de la loi sur la HAC, la Haute Autorité de la Communication. Qu'est-ce qui est fait aujourd'hui pour que les textes soient appliqués ?


- Ecoutez, est-ce que vous avez lu cette loi sur la HAC ?


- Je l'ai lue


- On vous a dit que jusqu'à la mise en place de l'Assemblée nationale, c'est-à-dire les élections législatives, le CNC reste en place [article 58 de la loi L/2010/003/CNT/ du 22 juin 2010 portant Attributions, Organisation, Composition et Fonctionnement de la HAC, ndlr]. C'est écrit même dans la Constitution, dans les mesures transitoires [Article 155, alinéa 4, ndlr].

 

 

Le Bureau de Presse du Conseil National de la Communication

Publié dans Justice

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