Bruxelles: Sans-papiers en grève de la soif

Publié le par FRIADIASPO

L'accord décroché par les sans-papiers du Béguinage fait des envieux. A Bruxelles, deux groupes ont cessé de boire et de s’alimenter.

Les actions des sans-papiers se durcissent. À l’ULB (Université Libre de Bruxelles), un groupe d’une centaine de personnes a débuté dimanche après-midi une grève de la faim et de la soif. À la maison de l’Amérique latine à Ixelles, dix sans-papiers, représentant 210 demandeurs d’asile, ont repris lundi une grève de la soif interrompue la semaine passée.

Tous revendiquent au minimum l’application de l’accord intervenu le 3 juillet dernier en faveur des occupants de l’église du Béguinage à Bruxelles. Après 56 jours de grève de la faim, 130 sans-papiers avaient obtenu, pour raisons médicales, le droit de séjourner sur le territoire pendant neuf mois, ainsi qu’un permis de travail C.

Malgré les risques physiques que comporte une grève de la faim – perte de poids de l’ordre de 20 %, problèmes cardiaques, rénaux et intestinaux – d’autres sans-papiers sont prêts à tenter le coup. Pour les néogrévistes, seul compte le résultat. « Nous avons compris le message, assène Hichan Lenhaji, qui vient de cesser de boire et de s’alimenter à l’ULB. Nous n’aurons pas de papiers si nous ne mettons pas notre vie en danger. »

Depuis le 7 avril, une grosse centaine de sans-papiers provenant d’une dizaine de pays différents occupe une ancienne maison de maître appartenant à l’ULB. Banderoles criardes, agitation et petit attroupement : le décor est planté devant l’arrêt de tram de l’avenue Buyl.

À l’intérieur, les murs lépreux font peine à voir. Plein à craquer, l’immeuble serait suffocant si la température clémente ne permettait pas d’ouvrir largement les vitres aux châssis vermoulus. Les occupants grévistes sont savamment répartis en fonction de leur origine.

Exiguës, les pièces accueillent des dizaines de corps perdus dans une mer de couvertures multicolores. Quelques enfants jouent vaille que vaille entre deux matelas. Au rez-de-chaussée, le poste de télévision crie à tue-tête. Dans le couloir, une altercation virile éclate. « C’est normal, rassure un observateur de la scène. Les médecins nous avaient prévenus que ça arriverait. » Promiscuité, stress et soif ne font pas bon ménage.

L’université autorise depuis trois mois les sans-papiers à loger dans les lieux, à condition qu’ils ne mettent pas leur vie en danger. La semaine dernière, la donne a changé. « Un représentant du cabinet de la ministre Turtelboom nous a rencontrés, avance Abdelkadir El Akhfalh, porte-parole du groupe. Il nous a promis une réponse pour vendredi passé. On l’attend toujours. La grève de la soif, c’est notre dernière chance. »

Après trois mois d’occupation, Abdelkadir El Akhfalh estime avoir perdu son temps. « Nous n’avons pas 50 jours à perdre dans une grève de la faim. À contrecœur, nous entamons donc une grève de la soif. » Une action extrême, à laquelle un organisme humain ne résisterait pas plus de quatre jours. Le temps de débloquer le dossier ?

Du côté du cabinet de la ministre de la Politique de migration et d’asile, Annemie Turtelboom (VLD), on affirme travailler à une solution réfléchie sur un paquet global de réformes. Dans le paquet, figure la fameuse circulaire censée énumérer les critères de régularisation. Maintes fois reportée, verra-t-elle bientôt le jour ? « Dans une semaine, voire dans quelques jours », avance la porte-parole d’Annemie Turtelboom. Du côté de l’Office des Étrangers, on affirme « maintenir un dialogue permanent avec les grévistes. »

En attendant, grèves de la faim et de la soif se multiplient, comme à l’ULB et à la Maison de l’Amérique latine. À Forest, la grève de la faim a repris le 3 juillet dernier. Hier, une cinquantaine de sans-papiers ont tenté d’occuper l’église de Saint-Josse. Tous attendent une réponse.


Modio, Bruxelles    

Publié dans Infodiaspo

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